À propos de Olivier Jobard

A 20 ans, j’ai intégré l’école Louis Lumière puis l’agence Sipa Press, où je suis resté 20 ans. L’agence Myop me représente aujourd’hui. Après avoir couvert de nombreux conflits comme photojournaliste, je me suis rendu en 2000 à Sangatte. Sous ce hangar qui faisait office de camp, j’ai rencontré des exilés afghans, tchétchènes, irakiens, bosniaques… Tous avaient quitté leur pays à cause de guerres qui avaient nourri 10 ans de ma vie. J’étais bouleversé. De nos échanges dans ce dernier caravansérail est née l’envie d’étudier les questions migratoires.

Trop souvent décrits par des statistiques, des hyperboles, les migrants forment une masse désincarnée dans l’inconscient collectif. De Calais à la mer Egée, ils sont photographiés en hordes sauvages ou comme du bétail. Ces images distanciées contribuent à créer un bestiaire visuel.

De Kingsley, que j’ai accompagné en 2004 dans son périple clandestin depuis le Cameroun, à Luqman à travers les montagnes iraniennes ou avec M. et Mme Zhang qui subissent une intégration ratée, je m’attache à individualiser la migration. Mon principal allié est le temps : je reste avec eux pour créer complicité et confiance. La question de la temporalité est omniprésente dans mon travail, car elle l’est dans la vie d’un migrant. Attente et urgence alternent de façon imprévisible. Les épreuves semblent dilater le temps.

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